LE SOUFFLE
Il y a des mots qui résonnent plus puissamment que d'autres : le mot SOUFFLE en fait partie.
Prononcez ce mot en conscience et vous sentirez la douce chaleur qui se dégage de votre bouche. Tout est dit.
Fil conducteur de notre vie, le souffle se fait "premier souffle" au moment de notre naissance et "dernier souffle" au moment du passage vers l'au-delà.
Trop souvent, on le retient alors qu'il serait plus judicieux d'explorer l'expansion de notre souffle.
Dans notre vie, on peut vite se sentir essoufflé ou à bout de souffle, non seulement physiquement mais aussi émotionnellement et énergétiquement. Le corps nous appelle à prendre plus de temps pour souffler ou pour reprendre son souffle. Mais savons-nous vraiment écouter cette voix du corps ?
A l'inverse, on peut trouver un (nouveau) souffle au travers d'une activité qui nous revitalise. Pour l'écrivain, ce sera le fait de se sentir inspiré. Pour l'amoureux de la nature, ce sera au travers de ballades en plein air, et pour le sportif, au travers des activités physiques exigeant une oxygénation accrue.
APPRENDRE MIEUX GRACE AU SOUFFLE :
Souffle et mémorisation :
Trop souvent, les enfants en stress bloquent leur respiration, omettant clairement de faire du souffle un allié. Bon nombre d'entre eux passent du temps à mémoriser des informations sans être conscients qu'il est nécessaire d'inspirer amplement pour faire entrer à l'intérieur de soi les données, puis d'expirer avec l'intention de faire glisser à l'intérieur de soi ces données. Encore une fois, sans cette conscience et cette pratique du souffle, ce qui doit être mémorisé va rester à l'extérieur (comme l'eau sur les plumes d'un canard !). En bref, pas d'apprentissage efficace en mode apnée.
C'est pour cette raison que l'apprentissage par coeur à haute voix est plus efficace, car il exige plus d'engagement respiratoire que simplement le fait de réciter dans sa tête.
On gagne également en efficacité en utilisant le chant pour mémoriser (exemple : les tables de multiplication), car il est impossible d'obtenir du son sans l'aide de l'air (du souffle) faisant vibrer les cordes vocales. Chanter donne beaucoup d'énergie et de dynamisme, et par conséquent, c'est un excellent moyen de booster les apprentissages ! Dernier détail sur le sujet : la voix trahit toujours notre énergie. En étant attentif à l'énergie de notre voix, on va pouvoir sentir si on est efficace ou pas, si on enregistre réellement ou pas. Car pour que la connaissance entre puissamment et profondément dans le corps et dans le cerveau, il est nécessaire que notre niveau d'énergie soit élevé.
Souffle et écriture / calligraphie :
Une de mes sources d'inspiration, c'est la calligraphie que je pratique assez régulièrement. J'y puise un art de vivre. La calligraphie nous enseigne le souffle : j'y ai découvert combien il est important de respirer pleinement, avec une intention de faire circuler le souffle jusqu'au bout des doigts. Souvenons-nous au passage que les mains (et par conséquent les doigts) sont le prolongement du coeur.
Pour avoir une belle écriture, il est nécessaire d'avoir les pieds complètement accrochés à la terre, le coeur en ouverture et le mental au calme. Le corps dans son entier est installé dans la verticalité, les pieds faisant le lien avec la terre, et les mains avec le ciel. Les calligraphes sont inspirés par le souffle et le souffle inspire les calligraphes.
"La pratique (...) tend à nous aligner, afin que corps, coeur et esprit convergent à la pointe de la plume." nous dit Shinta Zenker, artiste-peintre et calligraphe que j'ai la chance de côtoyer dans des stages.
Quelle sagesse si inspirante à transmettre aux élèves ayant de la peine à faire un avec la pointe de leur plume ou de leur crayon. Qu'il s'agisse de l'encre du calligraphe (dont les outils sont variés : plume, calame, pinceau), ou de l'encre contenue dans les cartouches, le défi est le même : s'aligner, s'enraciner, habiter le corps, afin que les lettres prennent forme (afin que l'être prenne forme ) . C'est apprendre à se mettre autant en résonance avec le vide laissé par les lettres que par la vibration des lettres elles-mêmes. En d'autres termes, c'est apprendre à être autant attentif au vide qu'à la trace.
L'écriture manuscrite a besoin du souffle pour exister et pour vibrer. De nombreuses difficultés liées à l'apprentissage de la graphie trouvent une résolution si on laisser circuler le souffle jusque dans les mains et si on prend le soin de décoller les bras du corps, en laissant un peu de vide et d'espace.
J'ai consacré quelques lignes sur cette thématique dans mon ouvrage "Génial, j'y arrive enfin" (p 72), et j'écrivais que : "de même que l'ancre retient le bateau, l'encre, en calligraphie, contient et définit la forme. L'ancrage au sol permet de donner de la densité à l'encre". Aujourd'hui, j'ai besoin de compléter en disant que que c'est vraiment le souffle nous permet de nous mettre en résonance et de vibrer avec la matière-corps.
Souffler sans s'essouffler :
La plupart d'entre nous pensons que la respiration est faite de 2 temps : l'inspire et l'expire, avec l'oxygène et le gaz carbonique. En fait, notre respiration est faite de 4 moments inégaux ( 2 temps forts et 2 temps de passage) . Certaines pratiques énergétiques accentuent intentionnellement les moments de rétention du souffle.
- l'inspire = accumulation de l’oxygène ( ou du savoir et des connaissances)
- un mini temps de pause ou de passage, comme un temps d’assimilation, d’intégration
- l'expire = évacuation du Co2 (restitution, évacuation, ou faire entrer dans la matière)
- un mini temps de pause ou de passage, pour une préparation à un nouveau souffle
De la même manière, le calligraphe se calque sur ces différents temps : un temps pour aller à la rencontre de l'encre dans l'encrier (sur l'inspire), un temps pour déposer l'excédent d'encre,(passage), un autre pour poser l'encre sur le papier et calligraphier (sur l'expire), et un petit temps avant de poursuivre (passage) et recommencer inlassablement. Les temps de passage sont comme "des instants suspendus" , la calligraphie étant une méditation nous mettant hors du temps.
Je rêve qu'un jour ou l'autre des enseignants inspirés calquent la sagesse de ce rythme du souffle et transmettent cet art d'intégrer le souffle pour apprendre à écrire... !
Et pourquoi pas aussi rêver qu'on se mette à diffuser dans les classes des huiles essentielles pour faciliter les apprentissages ??? de l'HE de sapin , par exemple, pour favoriser la verticalité et le centrage et redonner du coeur à l'ouvrage. Ce serait d'autant plus pertinent que l'olfaction est le sens relié aux poumons. C'est aussi au travers de la diffusion d'huiles essentielles que l'on peut changer le taux vibratoire d'une pièce et qu'ainsi, subtilement, on peut avoir un impact positif sur l'énergie d'une classe ... ou d'un " open space". Vous trouvez cela audacieux ??? Moi pas ... !!!
Revenons à la réalité et à du concret et regardons les poumons dans leur fonction en tant qu'organe et canal énergétique.
Souffle et poumons :
Quand on pense souffle, on pense poumons. "L'organe poumon est le maître du souffle", nous dit Rivka Cremisi (auteure de "Splendeur des lettres, splendeur de l'être", et enseignante de symbolique hébraïque, ainsi que de Qi Gong et Tai Ji Quan).
Ce n'est qu'à la naissance que les poumons vont se déplier et se déployer. Le premier cri du nourrisson signale son "atterrissage", signifiant : "je suis là, j'existe". On sait combien la grande prématurité met la vie des nouveaux-nés en danger car justement les poumons ne sont pas arrivés à maturité.
C'est à partir du premier souffle - premier cri que le nouveau-né, en changeant d'environnement, entre "dans le monde de la différenciation" : avec l'inspiration, il se charge d'oxygène et avec l'expiration, il se déleste du gaz carbonique. Les poumons sont un lieu d'échange, entre lui et le monde environnant.
Les poumons contiennent l'arbre bronchique qui est tel un arbre à l'envers. Les racines en direction du ciel, les branches en direction de la terre. Ce n'est pas sans rappeler que la naissance par voie basse, elle aussi, nous fait mettre la tête et la fontanelle en direction de la terre. Notre mission sur terre sera de nous retourner en quelque sorte afin de nous tenir debout, avec des racines-pieds en direction de la terre et des branches-mains orientées vers le ciel, et ceci en permettant à notre arbre bronchique d'être pleinement vivant.
Les poumons ont 5 lobes en tout. "En médecine énergétique chinoise, le canal énergétique du poumon est le premier canal qui s'incarne dans le corps embryonnaire. Il est le plus profond du corps énergétique et donc le plus proche du monde céleste" nous enseigne Rivka Cremisi. Ce chiffre 5 nous renvoie à la lettre hébraïque Hé, qui est celle du souffle, et nous avons 2 x 5 doigts et 2 x 5 orteils... , soit 2 x 10, cette valeur de 10 nous renvoyant à la lettre Yod, le germe, l'embryon en quelque sorte.
Personnellement je ne peux qu'être émerveillée par cette cohérence et symbolique du corps et de la multiplicité des liens. Et tellement reconnaissante que mon chemin m'ait permis de rencontrer des individus me permettant de m'ouvrir à cette conscience. (Toute ma gratitude à Shinta et Rivka que je connais depuis 10 ans ! - voir leurs sites en bas de page)
Allons encore plus loin : en MTC, l'énergie Poumons est complémentaire de celle du Gros Intestin. Le canal énergétique du Gros Intestin se mettra en place juste après celui du poumon. Ils font partie de l'élément Métal : on trouvera le point final du canal énergétique du Poumon sur le pouce, et le premier point du Gros Intestin sur l'index. A noter aussi que le dernier point du Gros Intestin est sur les racines du nez, celui-ci étant l'organe de l'olfaction. Les 2 canaux énergétiques se retrouvent "côte à côte", dans cette pince qui relie le pouce et l'index.
Au niveau des "organes", il est évident que nous fonctionnons mieux quand nos poumons sont pleins d'air et que notre côlon est vide (pour être précis, en MTC, les poumons sont considérés comme un organe-viscère alors que les intestins sont des entrailles). Il y a aussi complémentarité et résonance à ce niveau-là. Et encore sur le fait que la respiration embryonnaire est liée au gros intestin, alors que la respiration terrestre est liée aux poumons.
Il y a également dans la phase d'expiration pulmonaire un processus d'élimination qui n'est pas sans rappeler celui du côlon. Que l'on soit adulte ou enfant, il est essentiel de vider le trop plein émotionnel, de se libérer, de lâcher prise, d'évacuer et d'éliminer l'ancien pour faire place pour du neuf. En expirant profondément et en ayant une bonne hygiène intestinale. Entre souffle et matière, entre légèreté et densité, il est toujours temps de prendre le temps de lâcher et de se relâcher.
EN PRATIQUE : comment favoriser l'équilibre entre les moments de plein et les moments de vide, et comment insuffler plus de vie dans notre quotidien. Je vous partage quelques exercices.
J'ai souvent observé que le premier réflexe lorsqu'on demande à des enfants de mieux respirer, c'est de gonfler la cage thoracique et de monter les épaules. Or, il y a un excès d'effort et ce n'est pas naturel ! Le plus efficace pour avoir une respiration pleine de vitalité, c'est de commencer par expirer... c'est-à-dire de rejeter les déchets, le trop plein émotionnel et énergétique, et ceci même si on ne sait pas exactement de quoi ce trop plein est fait. C'est de chercher à créer du vide, pour permettre à l'inspir (et à l'inspiration) de se mettre en place de manière naturelle.
Un exercice en Brain Gym va nous accompagner dans cette dynamisation du souffle, permettant de redonnant vie au corps dans son entier : il s'agit du DYNAMISEUR (1)
Cette posture nous rappelle celle du sphinx ou du cobra en yoga, bien que cette dernière se fasse allongée sur le sol. Ici, on la pratiquera assise, les avant bras sur une table, les pieds au sol, en prêtant une attention particulière aux coudes qui sont en relation énergétique avec le diaphragme. On sait combien notre diaphragme est souvent en souffrance !!!
Avec l'intention de dénouer les tensions et de fluidifier la respiration, veiller à :
- Créer de l’espace entre les côtes de la cage thoracique et entre chaque vertèbre. Explorer ces espaces interstitiels. La cage thoracique est une cage de protection pour le coeur, les poumons et les bronches.
- Se déplier, se déployer, prendre sa place dans la verticalité, entre terre et ciel. Laisser le chakra du coeur s'ouvrir.
- Conscientiser VC (vaisseau conception) sur l’avant et VG (Vaisseau gouverneur) sur l’arrière du corps. Sentir cette boucle d’énergie vitale. On peut y ajouter la pointe de la langue au palais afin d'optimiser cette boucle énergétique.
LA POSTURE DU PETIT PRINCE ET/OU DE LA PETITE PRINCESSE (2)
Les enfants en stress basculent vite dans un mode de dévalorisation et de perte de confiance. Inspirée par la phrase "je suis digne de mes richesses" , liée au méridien Poumon, cette posture va mettre en mouvement l'estime de soi, comme si on avait une couronne sur la tête.
En cabinet, je dépose une " balle" sur le sommet de la tête,et j'insiste sur le fait d'avoir le regard à l'horizon, le menton légèrement en avant. Dans cette posture, j'invite l'enfant (idem pour un adulte) à faire quelques pas avec une certaine lenteur pour être dans une forme de prestance, tout en répétant la phrase"je suis digne de mes richesses".
Ce que j'observe, c'est que dans la conscience du souffle, la posture se modifie, le corps s'étire, la colonne vertébrale s'allonge entre terre et ciel. L'écoute de sa propre voix va nourrir les cellules du corps et du coeur .
LE ZIP DE LA BONNE HUMEUR (3) : adaptation des "points d'enracinement" en Brain Gym
L'enfant, debout, utilise sa main dominante pour remonter lui-même VC (un canal énergétique qui part du périnée, sur la ligne médiane, jusqu'à l'intérieur de la bouche, sur le palais) , tout en inspirant. Après une petite pause et la verbalisation "je suis quelqu'un de bien, même si j'ai des difficultés ou des imperfections", il passe la main sur l'extérieur du corps, en expirant et reprend le processus plusieurs fois de suite.
Cet exercice permet de conscientiser l'axe vertical sur notre ligne médiane. Je l'ai nommé "le zip de la bonne humeur" (p. 33) dans mon livre, car il permet de remonter l'énergie et d'avoir une vitalité pétillante. Il peut être intéressant d'exiger l'alternance des mains, car ainsi on dépasse un peu sa zone de confort et on crée de nouveaux chemins neuronaux.
Autre variation possible : sans la phrase, mais simplement dans l'écoute du souffle, avec la gestuelle : quand j'écoute le son du souffle, j'écoute aussi la "leçon du souffle". C'est choisir de se mettre à l'écoute de son intériorité.
La lenteur d’une respiration en conscience nous conduit à la découverte de l’attention et de l’instant présent. Ce qui nous permet d’avoir du pouvoir sur notre vie et sur nos émotions (é-motions) .
C'est pour cette raison que je préconise toujours les mouvements croisés dans un tempo lent (un mouvement par seconde) et que j'axe ma pratique sur une intégration du souffle dans la gestuelle et dans les tous mouvements de Brain Gym.
En espérant que ces quelques lignes écrites autour de mon anniversaire et "célébration de mon premier souffle" auront été inspirantes pour vous, et au plaisir de partager avec vous d'autres moments d'inspiration.
REFERENCES & LIENS :
- des extraits de mon livre GENIAL, J'Y ARRIVE ENFIN : www.kinessence.ch/le-livre
- "Brain Gym, Bouger pour apprendre", par Francine DRIES. Un super livre sur le Brain Gym.
- www.zenker.fr (calligraphie et peinture)
- www.rivka-cremisi.com (symbolique hébraïque, pratiques énergétiques)