HISTOIRE DE VIE DERRIERE DES CHIFFRES EN MIROIR

Je vous partage ici le récit d’un tout jeune garçon à qui je demande de noter les chiffres qu’il connaît sur mon tableau blanc. Le voilà qui commence par écrire le chiffre 10, mais avec un 1 qui a une barre sur la droite. À noter que ce petit de cinq ans et demi est gaucher mais qu’il commence systématiquement par prendre le stylo dans la main droite avant de le passer dans la main gauche. Cette trace d’ambidextrie nous révèle quelque chose !

Il mène sa tâche jusqu’au bout, en alignant tous les chiffres jusqu’à 9. Certains chiffres sont en miroir : les 1, 2 et 3. Tout comme les 7, 8 et 9. Le 8 est d’abord dessiné de manière un peu horizontale, puis il le corrige et le place en position verticale.

En recomposant dans ma tête le carré propre à la psycho généalogie , je constate que les chiffres de la deuxième ligne sont écrits correctement : il y a quelque chose qui se passe dans l’horizontalité. Comme souvent, les clés de compréhension me seront données par les éléments généalogiques.

Le père, né un 10.10, porte le même prénom que son premier frère, décédé à quelques mois. Il est donc enfant de remplacement. De plus, il partage aussi la même date de naissance que sa soeur gauchère née juste avant lui. En fait, cet homme doit partager un prénom et une date de naissance. Il n’a pas de possibilité d’exprimer son individualité.

• En 1 : une fille qui aura des jumeaux.

• En 2 : un petit garçon, décédé en bas âge.

• En 3 : une fille, née le 10.10.

• En 4 : le père de l’enfant qui vient en consultation, portant le même prénom que le petit garçon décédé.


La première lecture me laisse sentir qu’il y a quelque chose qui n’est pas cohérent et que le père n’occupe pas la quatrième place. En effet, il y a vraisemblablement eu un jumeau perdu avec la soeur née sur une date double. Ce qui a pour conséquence que le père devient numéro 5 et vibre, de manière cohérente, en verticalité avec le numéro 2.

Cet homme est ainsi doublement impacté : par le décès du petit garçon au travers du prénom. Par le partage dans la verticalité entre les places 2 et 5, par la reprise de la date du 10.10.

L’inconscient de ce tout jeune garçon apportait un éclairage sur l’histoire familiale, afin que l’on puisse libérer, si cela était nécessaire, tous ceux qui devaient l’être : le petit garçon décédé, et le jumeau perdu dont on n’avait pas connaissance.

Quel plaisir d’accompagner un petit à la fois tellement dans le monde de l’enfance et dans celui de la conscience. Malgré l’apparente lourdeur de ce qui s’est passé dans son clan et de ce qu’il venait mettre en lumière, il est resté dans l’esprit du jeu.


A ma demande, il a dessiné une guirlande de chiffres en miroir, et quelle joie pour lui de découvrir que lorsque l’on écrit le 2 côte à côte, cela ressemble à un coeur. C’est comme un témoignage de l’amour inconditionnel entre jumeaux, et un témoin du temps passé ensemble en vie intra utérine, même si ce temps était très court.

C’est tout naturellement qu’il a également apprécié de faire une simulation d’un accouchement par voie basse, afin d’expérimenter la puissance d’avoir le choix de venir au monde . Tellement content d’avoir fait ce passage de cette manière, il a souhaité faire l’expérience une deuxième fois. Son inconscient lui dictait probablement qu’il fallait faire renaître un jumeau.

Mireille Durig